Marion Bénard, Déclaration d'artiste, 2012, texte inspiré du film de Max Ophüls Le Plaisir d’après la nouvelle Le Masque de Guy de Maupassant :

Dans cette foule un homme apparût, maigre, vêtu en gommeux. Il avait une moustache blonde frisée et une perruque à boucles. Il avait l'air d'une figure de cire du musée Grévin et il dansait maladroitement, avec un emportement comique. Ivre d'ardeur, il gigotait avec une telle frénésie que, soudain, emporté par un élan furieux, il tomba inanimé.

Des hommes le ramassèrent, et l'emportèrent appelant un médecin. Un docteur se présenta, il ouvrit la chemise de l’homme. Son visage était emprisonné dans une fausse peau peinte de la couleur de la chair. Découpant ce surprenant assemblage, il ôta un masque et trouva une vieille figure d'homme usée, pâle, maigre et ridée. Le saisissement fut tel parmi ceux qui avaient apporté ce jeune danseur que personne ne rit, que personne ne dit un mot.

On regardait ce triste visage aux yeux fermés, barbouillé de poils blancs, les uns longs, tombant du front sur la face, les autres courts, poussés sur les joues et le menton, et, à côté de cette pauvre tête, ce petit, ce joli masque verni, ce masque frais qui souriait toujours.

 

Marion Bénard, Artist statement, 2012, from Max Ophüls's film “Le plaisir” inspired by “Le Masque” from Guy de Maupassant :

In this crowd a man appeared, thin, dressed like a dandy. He had a curly blond mustache and a wavy wig. He looked like a wax figure from the Musée Grévin, and he danced clumsily, with a comical impetuosity. Carried away with enthusiasm, he jigged about with such frenzy that suddenly, he fell inanimate.

Some men picked him up and carried him away, calling for a doctor.
A physician stepped forward, he opened the man's shirt. His neck was imprisoned in a false skin painted the color of flesh. Slitting open this surprising arrangement, he took off a mask and found the face of an old man, worn out, thin and wrinkled. The surprise among those who had brought in this seemingly young dancer was so great that no one laughed, no one said a word.

All were watching this sad face, his eyes closed, his face covered with white hair, some long, falling from the forehead over the face, others short, growing around the face and the chin, and beside this poor head, that little smiling mask.